Learning Technologies France 2020 : ce que l'on en retient !


24/02/2020
Chapô

Fabrice Darrigrand, concepteur pédagogique Multimédia pour l'ESITC de Caen, y était ! On s'y est rencontrés et on vous raconte à 2 voix ce qu'on a retenu de ce salon. Bravo à Fabrice pour la qualité et la richesse de ton retour, de tout ce que tu tu nous dis des grandes tendances que tu vois se dessiner et des différents opérateurs que tu as rencontrés !

LTF
Paragraphes

Un marché qui explose enfin !

D’une manière générale, le salon a pris un bel essor en termes de présentation, quantité et qualité des stands. On est passés en 2 ou 3 ans de stands « classiques », habillés de kakémonos, de plaquettes et tenus par les pédagogues ou les créateurs du service proposé, à des stands plus markétés, avec de la PLV, des goodies, du café en capsules, du popcorn, des smoothies, et autres rafraichissements… bref des lieux de vie où l’on vous incite à vous asseoir, à dévoiler vos projets et à tester les dernières technologies qui mettent des papilles dans les yeux…
Les commerciaux ont remplacé les pédagogues, pour proposer et vendre des solutions numériques à grande échelle.
Disons qu’auparavant on faisait le voyage LTF en 2nde classe, maintenant on navigue en permanence entre des espaces économiques, business et 1ère classe.

La maturité du marché du digital learning s’exprime très clairement dans ce salon. D’ailleurs, des entreprises en pleine prospection viennent y faire leur marché pour répondre aux besoins qu’elles ont préalablement identifiés. Les budgets sont là, la volonté de faire également.

Des entreprises récentes comme « Teach on Mars » (naissance en 2013 – édition de solutions de mobile learning) ont grandi très vite et se présentent sur d’immenses stands. Idem pour Klaxoon dont la solution s’est considérablement enrichie grâce à des levées de fonds importantes et un positionnement sur le marché US qui pousse à un marketing plus orienté « RH » que « Éducation ».

Est-ce la réforme « Loi Avenir Professionnel » qui fait l’effet d’un accélérateur et incite les organismes à révolutionner leur offre ? Est-ce cette même réforme qui amène les services RH de grosses entreprises, à repenser complètement leur plan de gestion des compétences, en croisant les formations traditionnelles avec l’AFEST, les formations en ligne, hybrides… ?

 

De grandes tendances se dessinent

-    L’expression « blended learning » s’est imposée comme la norme.
-    La vidéo est toujours omniprésente, soit comme pilier des contenus de formation, soit comme outil de communication.
-    Le serious game et consorts (gamification, game-based learning) mature et montre une véritable volonté de sortir du gadget « tape à l’œil » pour se positionner sur de vrais enjeux pédagogiques.
-    Réalité Virtuelle et consorts (réalité augmentée, réalité immersive) sont toujours présents avec de nombreux stands équipés de casques ou de showroom dédiés.
-    le microlearning avec pléthore d’applications qui se positionnent sur cette niche.
-    le storytelling comme levier ultime de toute bonne formation (Thinkovery).
-    Les LXP (Learning Experience Platforms) envoient les LMS (Learning Management System) à la maison de retraite. Avec leurs interfaces (oups, pardon UI pour User Interface) rutilantes pensées pour une utilisation (oups, pardon UX, User Experience) optimale, leurs outils de création ultra simples à prendre en main et leurs outils de suivis automatisés, ils confirment la tendance du passage de la prescription manuelle de contenus à la découverte de contenus au gré de la curiosité de l’apprenant, de sa demande et surtout de l’analyse de ses besoins/intérêts par l’algorithme.
-    Netflix en point de mire. La formation JOT, comprenez “Just On Time fascine” (CornerStone, My Skills Camp).
-    L’engagement comme préoccupation ultime, surtout celle des comptables, qui rivalisent d’ingéniosité pour traquer leur ROI (retour sur investissement).
-    Les skills (les compétences), surtout les soft (les savoir-êtres), celles de demain, celles qu’on ne sait pas encore vraiment de quoi elles seront faites mais pour lesquelles on a déjà des plateformes qui savent gérer l’infinie finesse de vos blocs de compétences…
-    La gestion des « talents » pour reprendre cet anglicisme que tous les RH ont à la bouche.
-    Mais surtout les sciences ! Les cognitives, parfois déclinées en neurosciences, ou les comportementales qui donnent enfin naissance à des outils intéressants (Woonoz/projet voltaire, XOS, Didask). L’intérêt qu’elles suscitent est vaste mais parviendront-elles à irriguer la formation en profondeur ?
-    Linkdln se lance dans le business de la formation.
-    Le mouvement Edtech France était bien là, avec une quinzaine de start up présentes. A l’instar ce mouvement, « le Lab RH » regroupe, quant à lui, des entreprises qui proposent de nouveaux services RH, souvent liés au numérique.

 

Quelques stands où on s'est arrêtés

Pitch boy : permet de simuler une conversation. Un comédien a enregistré plusieurs versions de réponses à différentes questions. En tant que formé, je rentre dans l’entretien et le comédien réagit en fonction de ce que je lui dis. Il adapte ses réponses à mes mots.

Dolead : Propose du sourcing de clients potentiels. Récupère les traces d’internautes cherchant des formations, qualifie ces traces et revend les contacts.

BCdiploma : Permet de certifier des diplômes et certificats via la technologie Blockchain et d'assurer ainsi une reconnaissance sans faille de la validité de ces titres.

Growthtribe : Organisme de formation proposant des formations à de nouveaux métiers, comme celui de « Growth hacking », ou « accélérateur de croissance ».

Serious Factory : Suite logicielle destinée à fabriquer des serious games.

MySeriousGame : la compagnie implantée à Tours poursuit une ascension fulgurante nourrie par leur expertise sur le serious gaming sous toutes ses coutures. Ils se diversifient en lançant un produit intéressant : Edmill, une plateforme de création et de diffusion de contenu qui dépoussière en intégrant des outils de suivi, mais surtout une volonté d’accompagner les concepteurs dans une méthode de conception ambitieuse et certifiée AFNOR. https://www.edmill.com/

Orthodidacte : Propose une suite logicielle permettant de se positionner sur l’écrit en français, de se former en fonction de ses lacunes. Le système s’adapte à mes besoins / lacunes au fur et à mesure de l’avancement dans mon parcours. Il recalcule en permanence un nouveau parcours en fonction des dernières réponses ou exercices que j’ai pu faire.

Domoscio : Solution permettant l’individualisation d’une formation, suite à un positionnement. Tout au long de la formation, le système récupère et analyse les traces laissées par l’apprenant puis, suite à un positionnement de sortie, lui propose un ancrage des acquis, grâce à des rappels via mail ou appli mobile.

Woonoz : développe depuis des années un moteur d’ancrage mémoriel qui s’appuie sur l’IA. Son produit phare Projet Voltaire cache la forêt de nombreuses autres collaborations intéressantes et d’une expertise sur les neurosciences. La présentation –très axée ROI- de leur conférencier en ancrage mémoriel Fabrice Cohen a déclenché une vague d’enthousiastes qui sont partis réclamer leur livre blanc sur le stand (https://www.woonoz.com/livre-blanc-ancrage-memoriel ).

Edunao : le plus gros Moodle Partner français mettant en avant son association avec le poids lourd US de l’apprentissage des langues Rosetta Stone, qui, après s’être retiré du marché européen, amorce un retour via cet étrange choix tactique de type « Cheval de Troie ».

Ingenium : De tous les spécialistes des LMS open source rencontrés, le plus Normand « Ingenium » semble aussi le plus apte à dompter le LMS open source "Moodle" le plus plébiscité. https://ingenium-elearning.com/

Fifty : niché parmi les mini-stands de la EdTech, Fifty est une startup qui surfe sur la vague des sciences comportementales et de l’intelligence artificielle pour pousser le e-learning vers la porte de sortie et le remplacer par le e-doing. Fort d’un étayage argumentatif emprunté à un ancien RH de Google et au Prix Nobel 2017 Richard Thaler (la méthode du Nudge), leur app propose aux utilisateurs des défis pratiques à relever pour mettre en application des contenus de formation théoriques. Les applications semblent vastes et ils commencent à peine à développer leur catalogue grâce à des levées de fonds et la confiance d’investisseurs comme Xavier Niel. Ils semblent intéressés pour mieux calibrer leur offre (très axée entreprise) au monde de l’Éducation. https://thefiftyapp.com/en/home

Gymglish : ils sont nombreux sur le segment de l’apprentissage des langues à distance. Mais loin des mastodontes Speexx ou 7 Speaking qui occupaient les premiers rangs, on trouvait, sur un stand tout-OSB, Gymglish, une solution qui ne propose rien de révolutionnaire mais épate par sa capacité à conjuguer efficacité, simplicité et créativité. Leur credo ? Du microlearning avant l’heure, qui ne mise pas sur une application mais sur des cours de 10 minutes, envoyés par mail (so retro !) avec une vraie histoire, des personnages à suivre, et une certification basée CECRL (Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues) qui propose une vraie alternative au TOEIC. https://www.gymglish.com/fr

TreeLearning : un éditeur de LMS et d’outil auteur qui mise sur la simplicité de prise en main. Du made in Puy-en-Velay qui rappelle qu’il n’y a pas que Paris dans le Digital Learning. https://www.tree-learning.fr/

XOS : encore un acteur qui a bien grandi ses dernières années, en surfant sur la vague Neurosciences et porté par un Guillaume Coppin, fondateur et PDG, qui prend le temps de faire de la pédagogie pour expliquer ce qu’apporte la neuropédagogie en terme de qualité des contenus qu’ils proposent sur étagères ou qu’ils se proposent de vous aider à concevoir. https://www.xos-learning.fr/

Didask : Eux vont encore plus loin et la présentation de Son Thierry Ly, leur CEO, moitié superstar moitié chercheur, souligne à quel point la recherche en sciences cognitives peut (et va !) apporter à la formation et aux apprentissages. Leur outil de conception de ressources pédagogiques s’enracine au cœur d’une méthode pédagogique exigeante et généreuse car centrée sur l’apprenant. Juste ce qu’il faut de technologie. A bon escient. D’ailleurs, le choix de leur métaphore dit tout : vous ne créez pas des modules de formations, vous plantez des graines… https://www.didask.com/

Yoobic ( https://yoobic.com/fr/ ) et Beedeez (https://www.beedeez.com/ ), contrairement à Teach on Mars  (https://www.teachonmars.com/) dont le spectre de l’offre s’est particulièrement élargi, restent sur la niche du microlearning, et proposent des solutions et des applications qui permettent de déployer des modules de formations ultra-courts et ultra-gamifiés. A noter qu’une offre similaire sera sûrement bientôt disponible version Made in Normandie grâce à Creative (https://www.creative-formation.fr ).

Ce qu'on en conclut

Dans un environnement dominé par les gros noms du secteur qui étalent leurs collaborations prestigieuses avec les grands comptes du CAC 40, il est parfois difficile de trouver ses repères et les bons interlocuteurs pour un « simple organisme de formation ». Mais le bouillonnement caractéristique de ces manifestations est toujours source d’inspiration et il arrive bien souvent –oh sérendipité chérie- que l’on trouve ce dont on avait besoin là où l’on ne le cherchait pas.

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Fanny BESNARD

02/03/2020

Bravo pour ce retour très fidèle à l'ambiance du LTF 2020!