Articles de fonds

Les cellules d’innovation pédagogique : pour une meilleure expérience apprenante


05/04/2023
Chapô

Plusieurs organismes de formation normands sont dotés d’une cellule d’innovation pédagogique – ceci parfois depuis de nombreuses années. Quels sont les objectifs de ces différentes entités, et de quelle manière agissent-elles vis-à-vis des apprenants et formateurs avec lesquelles elles travaillent ?

Image d'un écran avec un apprenant devant
Paragraphes

C’est une tendance lourde, qui se confirme année après année : la formation professionnelle se doit de plus en plus de tenir un double objectif. D’un côté, la nécessité de proposer aux apprenants une vie de groupe « traditionnelle », synonyme d’intelligence collective, d’émulation, voire d’enseignements par les pairs. D’un autre côté, l’impératif de plus en plus prégnant d’individualisation, de prise en compte des cas particuliers, du temps contraint et de la singularité de chacun. Afin de concilier au mieux ce double impératif (aux dynamiques parfois contradictoires), l’ingénierie pédagogique s’appuie sur l’innovation pour évoluer. Avec d’autant plus de pertinence qu’elle surfe très largement sur les progrès technologiques de la digitalisation.

L’innovation au service de l’apprenant

Qu’est-ce que l’innovation pédagogique au service des apprenants ? Selon certains experts, tout dispositif d’innovation pédagogique prend nécessairement en compte les contenus, les ressources, les objectifs ainsi que les contextes socio-économique et académique. Relativement difficile à conceptualiser, elle n’en relève pas moins de l’articulation de plusieurs paramètres au service des apprenants, comme le rappelle Samuëlle Dilé, experte en pédagogie multimodale et en sciences cognitives et comportementales. « Si l’on se réfère à la définition générale, l’innovation désigne l’introduction sur le marché d’un produit ou d’un procédé nouveau, parfois significativement amélioré par rapport à ceux existants. Pour autant, dans le cadre des formations au service des apprenants, l’innovation pédagogique peut s’inscrire dans un champ plus large que celui, technique, de la R&D. Dans ce cas, l’innovation couvre toute la dimension du service, des business modèles, des types d’accompagnement ou encore des systèmes d’individualisation des parcours – entre autres ! Nous sommes ici dans le registre de la nouveauté, afin de favoriser par exemple l’individualisation ou encore la dimension transférable. »

Innover : un impératif pour accompagner au mieux apprenants et formateurs

Autant de développements dans lesquels de nombreux acteurs normands se sont concrètement engagés, parfois depuis une dizaine d’années. C’est le cas du FIM Innov’, le service de formation de la Chambre de Commerce et d’Industrie Ouest Normandie. C’est également ce qui anime le Centre de Formation Professionnelle (CAFOP) de l’IFPRA, une structure de l’Education Nationale au service de la formation professionnelle. C’est encore le cas de la cellule Développement et Innovation pédagogique déployée par la CCI de Rouen Métropole dès 2014. Pour ces acteurs, l’innovation s’inscrit dans la nécessité d’accompagner les apprenants ainsi que les formateurs. « L’attention portée à l’innovation nous permet de prendre en considération l’évolution de nos publics d’apprenants, de leurs comportements d’apprentissage, mais également de leurs comportements sociaux par rapport à l’orientation », indique Sarah Perrier, responsable de la cellule FIM Innov’ et par ailleurs en train de mener une thèse sur le sujet (voir ITW ci-après). Approche comparable du côté du CAFOP, dont la directrice des Etudes, Jacqueline Petit, souligne l’« enjeu capital de l’innovation afin d’assurer un impact pédagogique ». Une dimension que met aussi en exergue Richard Prades, le directeur de la Formation professionnelle et des Compétences au sein de la CCI Rouen Métropole. « Outre un travail de veille sur les concepts et les outils, avec un regard appuyé sur le numérique, nous entendons nous professionnaliser collectivement », explique-t-il.

« C’est aussi cela, l’innovation ! »

Pour ce faire, les uns et les autres multiplient les initiatives, les projets, voire les temps d’échange. C’est ainsi que le CAFOP s’est lancé il y a quelques mois dans l’élaboration d’une certification PIX à 100% digitale. Assez classique, éligible au CPF et inscrite au répertoire spécifique France Compétences, cette certification permet habituellement de valider un niveau en informatique. Pour le CAFOP, l’originalité aura surtout consisté à déployer une formation entièrement à distance. « Les GRETA nous ont demandé quels étaient les modules adéquats pour mettre en place cette certification en mode distanciel. Nous avons travaillé avec eux afin de détecter les ressources humaines à solliciter, et les avons accompagnés afin de concevoir ce fameux module digital », indique Jacqueline Petit.

L’innovation doit également répondre à des besoins d’ordre pédagogique, à l’image du projet déployé par le FIM Innov’ lors de la rentrée du mois de septembre dernier. « Au moment d’accueillir les apprenants de la filière Tourisme, Hôtellerie et Restauration, nous avions une problématique de sites multiples, ce qui suppose une homogénéisation, des échanges et de la mutualisation », explique Sarah Perrier. « Nous avons ainsi réfléchi en termes de classes autonomes, de pédagogie inversée, avec des petits ateliers menés en mode jeu ». Objectif recherché : élaborer de la dynamique de groupe en créant du lien, afin que les apprenants soient mobilisés de manière égale et coordonnée sur l’ensemble des trois campus. « C’est aussi cela, l’innovation ! », indique à ce sujet la responsable du FIM Innov’, soulignant en cela la dimension créative et organisationnelle de l’innovation. « En effet, l’innovation ce n’est pas seulement de la technologie ! Il s’agit avant tout d’une réponse pédagogique à une situation donnée », rappelle-t-elle.

L’impulsion de la Région

De son côté, la cellule Développement et Innovation de la CCI Rouen Métropole n’est pas en reste. Depuis 2016, elle organise des « Journées de l’Innovation Pédagogique », les JIP. « Il y a quelques années, nous avons commencé à sanctuariser une journée afin d’apprendre à nos collègues la prise en mains de notre plateforme LMS », se rappelle Cristina Nicolae, responsable de l’entité. Très opérationnels, ces événements ont perduré dans le temps jusqu’à s’élargir et à devenir un temps fort de l’année, inscrit dans les activités de l’IFA Marcel-Sauvage. Ouvertes à tous les acteurs normands engagés dans l’innovation pédagogique digitalisée, les JIP constituent désormais des moments de partage, d’émulation et de mise en communauté. Ils témoignent de l’impulsion régionale qui a été initiée il y a une dizaine d’années par la Région, et dont plusieurs personnes nous ont rappelé l’importance. Car sans cet élan donné au digital dans les appels d’offres inhérents à la formation au début des années 2010, de nombreux projets en seraient restés à la dimension présentielle. « La dynamique qu’impulse la Région en faveur de la transition digitale est selon moi très importante », tient à rappeler Richard Prades. « Nos apprenants tendent désormais vers un parcours propre, singulier, de plus en plus personnalisé et individualisé. Il nous faut prendre en compte cette diversité, avec des modules accessibles en multimodalité, voire en comodalité. Nous sommes en train de changer de modèle et un équilibre est à conserver entre la notion de groupe et la capacité à prendre en compte des besoins personnalisés. »

Communotic, un réseau pour monter en compétences

Un objectif qui s’atteint aussi en mettant autour de la table des acteurs pluriels, ce à quoi s’attache Communotic. Déployé par les services de la Région depuis une dizaine d’années, ce réseau vise à favoriser les échanges au sein d’une communauté d’acteurs dédiés à la formation, et singulièrement à l’innovation digitale en pédagogie. « Il y a indiscutablement quelque chose de réussi avec Communotic, au sein duquel existent des espaces opérationnels, des événements “pédagogiques” ou encore des lieux virtuels d’échange tels le Café Communotic », indique Samuëlle Dilé, compagnonne de la première heure. “L’avantage de ce réseau vient de qu’il permet d’accompagner les acteurs de la formation dans l’hybridation et l’intégration du numérique dans les dispositifs de formation. Avec Communotic, l’accompagnement de la Région est multi-facettes : il repose sur de nombreux services qui, à l’image du parcours multimodal, amènent une formation de terrain. Cela s’observe par exemple avec les Maisons Familiales Rurales : elles étaient au départ loin du numérique, et désormais elles sont pleinement engagées dans la dimension digitale. Ce qui est surtout intéressant, c’est le fait que la Région a un rôle incitatif fort, tout en préservant la liberté des organismes de formation sur les modalités, la dimension du ‘comment’ ».

Un accompagnement spécifique donc, qui au-delà des aides financières ajoute une dimension qualitative, pour ne pas dire de compagnonnage, gage d’une montée en compétences pour les organismes de formation normands.

Photo de Sarah Perrier

Sarah Perrier, FIM Innov’ : « Accepter de perdre du temps pour en gagner »

Sarah Perrier, FIM Innov’ : « Accepter de perdre du temps pour en gagner »

Vous pilotez le FIM Innov’ : quelle est cette structure et de quelle manière s’investit-elle sur le champ de l’innovation ?

Sarah Perrier : Le FIM est le service formation de la Chambre de Commerce et d’Industrie Ouest Normandie. Il se compose de quatre campus, et couvre un champ qui va de la formation du CAP jusqu’au master. L’apprentissage est notre plus grande activité, avec 1500 alternants et apprentis. Quant à la cellule FIM Innov’, elle s’est constituée de manière progressive, depuis 2019, et prend en compte plusieurs facteurs. L’attention portée à l’innovation nous permet tout d’abord de nous différencier en tant qu’organisme de formation. Elle permet surtout de prendre en considération l’évolution de nos publics d’apprenants, de leurs comportements d’apprentissage, mais également de leurs comportements sociaux par rapport à l’orientation. J’ajoute que nous sommes, en interne, encouragés à aller vers l’innovation par nos financeurs, dans le cadre des appels d’offres auxquels nous prenons part.

Quel sens donnez-vous au mot « innovation », et comment cela se traduit-il dans le cadre de vos projets ?

S. P. : Définir le mot « innovation » est le sujet de la thèse que je suis actuellement en train de travailler (rires) ! C’est effectivement un vaste sujet dans la mesure où l’innovation est quasiment devenue une injonction, pour ne pas dire une forme de pression… Je dirai surtout que l’innovation permet de réfléchir à l’évolution des méthodes pédagogiques, particulièrement dans le champ numérique. Innover, c’est faire de la R&D, et surtout veiller à emmener tout le monde pédagogiquement. Au FIM, nous avons 70 formateurs permanents et plus de 300 formateurs missionnés issus de territoires différents. Nous voulons absolument les embarquer tous avec nous, dans le même train…

De quelle manière ?

S. P. : Je vais vous donner un exemple. Au FIM, nous avons une problématique de campus multi sites, ce qui suppose une homogénéisation, des échanges et de la mutualisation. Lors de la dernière rentrée, l’une de nos filières la plus importante – Tourisme, hôtellerie et restauration – a travaillé sur un nouveau dispositif d’accueil des apprentis, baptisé Les Olympiades. Il s’agissait de réfléchir en termes de classes autonomes, de pédagogie inversée, avec des petits ateliers menés en mode jeu. Notre action a consisté à accompagner ce mouvement sur trois campus, à réfléchir à la dynamisation des groupes au cours d’une même journée… Ce n’était pas révolutionnaire, mais il fallait réellement créer du lien. En effet, l’innovation ce n’est pas seulement de la technologie ! Il s’agit avant tout d’une réponse pédagogique à une situation donnée. Par ailleurs, nous expérimentons des choses aussi diverses que le micro-learning, l’outil LMS, en intégrant les problématiques des formateurs, ainsi que les badges numériques. Nous sommes d’ailleurs assez repérés grâce à ces Open Badges, qui sont en quelque sorte notre marque de fabrique.

Quelles sont les contraintes auxquelles vous devez faire face, en termes d’innovation ?

S. P. : Je dirai que c’est le temps disponible des équipes. Nos formateurs ont beaucoup d’heures de cours à assurer, et dans ce cadre certains peuvent être un peu réticents au changement… Or, en innovation pédagogique il faut parfois accepter de perdre du temps pour mieux en gagner par la suite ! Nous sommes très attentifs à ce que les formateurs se sentent à l’aise, car la finalité globale qui est la nôtre est bien le développement pédagogique, dans un contexte où il convient de consolider, toujours et encore, les compétences nécessaires au territoire. Nous sommes également attentifs à la satisfaction des apprenants. Le questionnaire actuel que nous leur adressons a pour objectif de recueillir plus de 80% de satisfaction.

Pour en savoir plus : FIM Normandie

 

Photo de Jacqueline Petit

Jacqueline Petit, CAFOP Normandie : « La puissance d’un réseau »

Quel est le rôle du CAFOP, dont vous êtes la directrice des études ?

Jacqueline Petit : Le Centre Académique de Formation Professionnelle appartient à l’IFPRA, une structure de l’Education Nationale au service de la formation professionnelle. Historiquement, le CAFOP s’inscrit dans l’essor de la formation pour adultes et du traitement du chômage, au cours des années 1970. C’est à ce moment-là que les GRETA – pour lesquels nous travaillons – ont été créés, afin d’assurer dans les Régions des missions de formation continue des adultes. Notre rôle consiste à accompagner les enseignants et formateurs qui assurent les formations. Depuis la réforme de 2018 nous avons renouvelé notre modèle, avec un plan de développement des compétences annuel, un travail sur les acteurs, sur l’ingénierie de formation et sur la pédagogie.

L’innovation fait ainsi partie de vos missions : comment se traduit-elle ?

J. P. : L’innovation a pour nous un rôle très important, qui se matérialise par l’existence d’une cellule innovation que je préside et dirige. C’est un enjeu capital au sein de notre Académie, la rectrice dont nous dépendons souhaitant assurer notre impact pédagogique grâce à l’innovation. Cela passe par exemple par l’analyse des besoins en termes d’ingénierie. Par exemple, nous proposons une certification à 100% digital dans le champ informatique, avec la certification PIX. Celle-ci est éligible au CPF. À la base, les GRETA nous ont demandé quels étaient les modules adéquats pour mettre en place cette certification en mode distanciel. Nous avons travaillé avec eux afin de détecter les ressources humaines à solliciter, et les avons accompagnés afin de concevoir ce fameux module digital. Au final, nous sommes en train de finaliser, pour ce mois de mars 2023, un module 100% distanciel pour cette certification. Il y a encore d’autres exemples, à l’image de l’application que nous sommes en train de développer en groupement suite à la participation à un hackathon : celle-ci permettra à des apprenants de se filmer dans le cadre de gestes métier évalués par les pairs. Nous avons par ailleurs conçu, à la demande du Carif-Oref, un module 100% à distance.

Quels sont vos atouts ?

J. P. : Nous pouvons bénéficier de la puissance forte d’un réseau, et je crois que c’est essentiel en termes d’innovation. Nous communiquons, diffusons et parfois déployons des ressources grâce à des compétences croisées que nous agrégeons. L’autre atout que je vois est notre capacité à développer des solutions en Open Source. Nous concevons ainsi des modules de formation hybrides, par exemple dans la filière écologique et énergétique, qui peuvent être utilisés par l’intégralité des apprenants engagés en formation initiale et continue. Nous sommes toujours en mouvement et participons par exemple aux appels à projet de la grande école du numérique, notamment ceux visant à rendre attractif les métiers du numérique auprès du public féminin. Pour cela nous travaillons en mode projet, en synergie avec des organismes de formation privés ainsi que des partenaires extérieurs… Nous retrouvons ici notre marque de fabrique : le réseau !

Pour en savoir plus : CAFOP Normandie

Photo commune de M. Prades et Mme Nicolae

Richard Prades et Cristina Nicolae, CCI Rouen Métropole : « Apprendre au contact des autres »

Vous êtes respectivement directeur de la Formation professionnelle et Compétences, et responsable de la cellule Développement et Innovation pédagogique : dans quel contexte la CCI a-t-elle décidé de mettre l’accent sur l’innovation ?

Richard Prades : C’est en 2014 que l’IFA a mis en place une cellule de développement et d’innovation. Il s'agissait alors de créer une cellule de support pour accompagner les équipes pédagogiques à la montée en compétences numériques. L'IFA avait déjà un LMS, mais son utilisation n'était pas encore généralisée, à l'époque il était utilisé surtout pour du présentiel enrichi. Depuis, nous avons accentué ce mouvement, traduit dans les usages sociétaux mais également dans le cadre juridique qui régit la formation. La cellule Développement et Innovation pédagogique permet d’assurer ce travail : elle effectue un travail de veille sur les concepts et les outils, avec un regard plus appuyé sur le numérique. Au-delà de ces réflexions et de cet accompagnement, nous entendons nous professionnaliser collectivement. Pour cela, nous sommes dans des démarches de type participatif.

Précisément, comment travaille la cellule Développement et Innovation ?

Cristina Nicolae : Nous venons aider les directions qui ont par exemple un projet d’établissement, ou qui désirent prendre part à des programmes régionaux. La Région Normandie a très tôt – dès les années 2014-2016 – souhaité développer le distanciel, notamment via ses appels d’offres. L’innovation a donc été une impulsion forte, ceci afin de produire des formations en distantiel. De ce fait, la grande question est pour nous la suivante : faut-il produire soi-même ses ressources ou les acheter ? Elle demeure chez nous d’actualité, et se traduit par une réponse mixte : nous produisons et nous achetons sur catalogue. En nous concertant, en interne, nous avons en effet jugé que pour inclure des dispositifs multimodaux il était opportun de former nos équipes et de les placer en situation de production. Tous ces dispositifs sont appelés à être utilisés dans les filières et les diplômes de l’IFA, depuis le CAP jusqu’au BTS, sans oublier la formation continue. Mon message est le suivant : dès que les directions le souhaitent, nous avançons avec elles !

Avez-vous quelques exemples concrets à nous livrer, qui traduisent ce travail commun et partagé ?

Cristina Nicolae : Nous avons fait le choix d’organiser des séminaires internes, les JIP, Journées de l’Innovation Pédagogique. Ces événements sont très opérationnels. Il y a quelques années, nous avons commencé à réserver une journée afin d’apprendre à nos collègues la prise en mains de notre plateforme LMS. Pour cela nous avons conçu des modules ludiques, par ateliers et groupes de travail, en prenant comme sujets… les ornithorynques et les oignons rouges (rires) ! Nous avions mis un ensemble de contenus sur des clés USB, incité chacun à faire des quizz, à réaliser des vidéos, à mettre en scène des situations. L’objectif final étant de créer un module auto-formatif sur Dokéos. Cela a été un moment important pour nous, qui nous a permis de nous placer dans la situation de l’apprenant et d’y répondre de manière collective. Cette expérience pédagogique nous a permis de démontrer que l’utilisation d’un LMS était simple, engageant et entraînant. Au total, nous avons réuni une soixantaine de personnes.

Richard Prades : Les JIP sont devenues un événement annuel important, qui s’inscrit dans les activités de l’IFA Marcel Sauvage que je dirige. Ce rendez-vous est ouvert à tous. Nous avions d’ailleurs organisé le premier événement avec Communotic, en compagnie de Christophe Jourdain, Samuëlle Dilé, Jean-Luc Peuvrier… Nous sommes ici fidèles à ce que j’appellerai « l’esprit Communotic ».

C’est-à-dire ?

Richard Prades : Nous considérons que nous faisons tous partie d’une même communauté régionale, et qu’il est très important d’apprendre au contact des autres. Les JIP sont ouvertes à des structures diverses, différentes, parfois concurrentes. Les conférences, les ateliers, les moments de partage profitent à chacun, et je crois qu’il faut être fier de cette approche, comme il faut être fier de la professionnalisation qu’elle permet. Je dois également dire que cela me semble d’autant plus important que nous vivons une accélération sociétale qui amène l’apprenant à tendre vers un parcours propre, singulier, de plus en plus personnalisé et individualisé. Les apprenants cherchent des parcours de formation efficients et adaptés, dans des délais de plus en plus courts. C’est un enjeu plus large, sociétal, qui constitue également un enjeu économique. Afin de sortir de nos organisations traditionnellement structurées en silos, il faudra de plus en plus prendre en compte la grande diversité des statuts des apprenants, avec des modules accessibles en multimodalité, voire en comodalité. Depuis plusieurs années, nous sommes en train de changer de modèle, avec une question majeure : comment concilier la notion de groupe apprenant avec les besoins individuels ? Un équilibre fin est à conserver, grâce au numérique, entre capacité à travailler avec les autres et nécessité de répondre à des besoins personnalisés. Réussir cette transition est selon moi très important, en lien avec la dynamique qu’impulse la Région Normandie.

Pour en savoir plus : CCI Rouen Métropole

Pour poster un commentaire, veuillez vous identifier.

Connexion