Biais cognitifs : l’effet Dunning-Kruger, ou l’excès de confiance ressentie


27/03/2023
Chapô

Nous évoquions il y a quelques semaines les (nombreux) biais cognitifs que rencontrent les formateurs. Identifié il y a une trentaine d’années par deux psycho-sociologues nord-américains, l’effet Dunning-Kruger se révèle de plus en plus présent en formation professionnelle, certains apprenants étant sûrs d’avoir acquis des compétences ou des capacités alors qu’ils n’ont acquis que des connaissances. Comment les formateurs peuvent-ils y faire face ?

Biais cognitifs : l’effet Dunning-Kruger, ou l’excès de confiance ressentie
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Le syndrome de l’incompétence : telle est la manière dont est parfois dépeint l’effet Dunning-Kruger. Identifié dans les années 1990 par les psycho-sociologues nord-américains David Dunning et Justin Kruger, ce biais cognitif inconscient amène des personnes incompétentes à surestimer leurs capacités, tout en les empêchant d’avoir conscience de leurs erreurs… Ici, tout est affaire de sentiment de connaissance : celui-ci est trop élevé par rapport à la réalité des connaissances réellement accumulées.

Un tel décalage entre la réalité (à savoir l’étendue des connaissances) et le ressenti (particulièrement la confiance ressentie) est un phénomène qui se manifeste régulièrement en formation. « L’effet Dunning-Kruger peut amener certains apprenants à affirmer avec aplomb des faits, pour ne pas dire à se positionner en surplomb, sans la moindre nuance », indique Samuëlle Dilé, spécialiste en sciences comportementales et pédagogie multimodale « Cela peut être un sujet pour le formateur, particulièrement dans le cadre de l’évaluation de certaines compétences. En fait, un formateur ne doit pas croire sur parole un apprenant qui lui expliquerait qu’il a tout compris. Il doit aller au-delà des signes de compréhension en mobilisant des activités réflexives ainsi que des exercices de résolution de problèmes ou de co-construction. En d’autres termes, il doit chercher à voir si, au-delà des connaissances, les compétences sont véritablement acquises ».

Ne pas croire sur parole quelqu’un qui parle bien, qui énonce des informations et aller jauger chez lui la capacité véritablement acquise : telle est la mission dont tout formateur doit s’acquitter… tout en devant demeurer le plus humble possible ! L’effet Dunning-Kruger peut en effet toucher certains formateurs eux-mêmes, ce qui oblige parfois à effectuer un petit travail d’introspection…


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