Des mythes pédagogiques à aborder avec discernement


28/12/2023
Chapô

Certains articles récemment parus alertent sur la permanence de « neuromythes », selon lesquels les apprenants seraient en quelque sorte prisonniers de cadres neurologiques prédéterminés.

Image de lampe d'Aladin
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Selon certains « experts », il y aurait plusieurs catégories d’apprenants : d’un côté les « visuels », d’un autre côté les « auditifs ». Selon d’autres, il faudrait concevoir son approche pédagogique en fonction des notions de cerveau gauche et de cerveau droit. Pour d’autres encore, nous n’utiliserions que 10% de notre cerveau et au-delà de l’âge de trois ans nous apprendrions moins vite… 

Faux, faux et encore faux ! 

Au cœur du champ de la formation pédagogique comme dans d’autres, un certain nombre de mythes sévissent encore.

 

Dans un article récemment publié sur Thot Cursus, les « neuromythes » persisteraient dans de nombreux lieux d’enseignement et de formation, en lien avec une approche peu rigoureuse des neurosciences. Leur point commun : partir du postulat selon lequel la majorité de nos actes s’expliqueraient par des mécanismes cérébraux qui nous seraient donnés à la naissance et que l’on ne pourrait pas faire évoluer. Partant de ce constat erroné, de nombreuses théories fausses ou arbitraires se développeraient. Ce qui amène Thot Cursus à indiquer, dans un autre article paru à la rentrée, que les mythes pédagogiques sont très utiles… à condition de ne pas y croire !

 

Une confusion dénuée de fondement scientifique

 

Une affirmation à laquelle Samuëlle Dilé souscrit pleinement. « En tant que pédagogues, nous entendons et lisons parfois des croyances “simplistes” sans fondement scientifique, qui entretiennent une grande confusion », explique l’experte en pédagogie multimodale. « Rien ne nous est donné de manière prédéterminée : les styles d’apprentissage sont le fruit de nos conditionnements et des expériences que nous vivons. Croire l’inverse peut nous entraîner vers des options fausses, comme par exemple l’idée selon laquelle certains types d’intelligences doivent être nourris par des contenus strictement adaptés dans leurs formes, au risque de ne pas réussir à mémoriser. Gare à une mauvaise compréhension de ce qu’est l’adaptative learning, par exemple… En réalité, en tant que formateur il s’agit de prendre en compte les individus dans leur complexité. Chacun d’entre nous dispose d’intelligences multiples, comme l’a montré le professeur de neurologie américain Howard Gardner dans ses travaux. Nous pouvons d’ailleurs établir un parallèle avec les émotions : nous sommes tous en capacité d’être tristes, joyeux, en colère, etc. Mais en fonction de notre histoire, de notre culture, de notre éducation par exemple,  nous jouons dessus de manière différenciée. Et bien c’est la même chose pour la palette des intelligences ! »

 

Un peu de nuance et de discernement donc. Chaque apprenant est « câblé » pour être à la fois logique, créatif, méthodologique… Grâce à sa plasticité neuronale, il  peut tout à fait jouer sur plusieurs tableaux lorsqu’il s’agit de se former !

 

 

(Image by macrovector on Freepik)

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