05/09/2022
La Semaine du badge qui aura lieu à compter du 17 novembre prochain ainsi que l’appel à candidatures lancé par la Région nous donnent l’occasion d’évoquer l’open badge, son déploiement, ses atouts et ses perspectives. Entretien avec Eden Jean-Marie, responsable R&D au laboratoire d’innovation pédagogique de la Fédération des Centres interinstitutionnels de bilan de compétences (CIBC).
Qu’est-ce qu’un open badge et à quoi sert-il ?
Eden Jean-Marie : Un open badge est un support, un format numérique qui va permettre de reconnaître une dynamique de compétences, d’engagements ou tout simplement une expérience. Le badge se formalise par un formulaire à remplir. Il permet à une personne de revendiquer un parcours, ce qui va l’aider en termes de reconnaissance. Ce badge est l’occasion de mener une réflexion, il permet d’ouvrir les perspectives et de changer de paradigme. C’est ce que l’on appelle la reconnaissance ouverte…
C’est donc un référentiel différent des référentiels habituels ?
E. J. : Les référentiels auxquels nous sommes habitués – les diplômes, les formations… – sont descendants. Le badge s’inscrit dans une démarche de type « bottom up », c’est-à-dire une démarche qui « vient du bas ». Il permet de construire, voire de co-construire des critères de reconnaissance. Dans certains cas, ce sont les structures elles-mêmes qui décident de créer des open badges. Dans d’autres cas, cela relève de la démarche d’un collaborateur. Souvent, des échanges doivent avoir lieu afin d’homogénéiser les représentations que l’on se fait. Quels mots place-t-on derrière certaines dynamiques ? C’est finalement toute la question…
Cette démarche d’open badge est-elle particulièrement développée en région Normandie ?
E. J. : La Normandie figure parmi les premiers territoires à avoir soutenu l’open badge. Dès 2015, la Région a impulsé cette dynamique, en lien avec le collectif Badgeons la Normandie qui réunit des structures aussi diverses que le Centre interinstitutionnel de bilan de compétences (CIBC) auquel je suis rattaché, la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF), l’université (Unicaen) ou encore Le Dôme. Ce dernier a d’ailleurs effectué de nombreuses recherches sur les usages possibles du badge. Quant à l’association Reconnaître, elle a beaucoup œuvré afin de développer la reconnaissance ouverte, non formelle. L’échelle régionale semble être le périmètre le plus adéquat au déploiement de ces outils.
Quel avenir pour l’open badge ?
E. J. : Le badge donne l’opportunité de prendre du recul sur son expérience. Il permet d’observer, d’analyser, de prendre conscience de ce que l’on fait – par exemple en termes de bénévolat, de loisirs, de démarches du quotidien. Tout ceci mobilise des compétences, ce que l’on oublie souvent. À l’avenir, l’open badge pourrait générer des parcours entiers, avec des points d’étape. Le labo CIBC a développé un outil baptisé Minimap : il rend les parcours visibles. Les open badges peuvent également générer des communautés, faciliter les échanges. On peut mettre en place par exemple des badges métiers, qui réunissent à la fois les personnes qui exercent et les personnes qui ont un centre d’intérêt. Cela dépasse le cadre des compétences. Comme vous le voyez, ce ne sont pas les débouchés qui manquent…
_______
« La Normandie badge les compétences » : appel à candidatures
Le lancement officiel de la démarche « La Normandie badge les compétences » aura lieu à compter du 17 novembre (lancement officiel), et comprendra à partir du 28 novembre un programme de mise en lumière des initiatives portées par les acteurs de la formation, de l’accompagnement, de la formation et de l’insertion qui mobilisent les open badges. Ateliers, témoignages, animations, conférences… Vos propositions sont les bienvenues ! N’hésitez pas à remplir le formulaire dédié avant le 21 septembre.
Pour en savoir plus sur La Normandie badge les compétences, cliquez ici.