Les neurosciences au service de la pédagogie


24/04/2024
Chapô

Définies comme l’ensemble des disciplines qui étudient le système nerveux, les neurosciences peuvent aider les pédagogues dans leurs pratiques quotidiennes. Avec toutefois quelques prérequis, notamment liés à la prise en compte permanente des spécificités du contexte et des apprenants.

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Dans quelle mesure les neurosciences et la pédagogie peuvent-elles entretenir un dialogue fécond ? Cette question était au centre d’une table-ronde qui, le 24 janvier dernier, a eu lieu au sein des Cemea de Belgique. Elle a notamment permis un échange entre le pédagogue Philippe Meirieu et le psychologue neuroscientifique Grégoire Borst. Pour ces deux experts, il s’agit de mettre à la disposition des pédagogues un corpus le plus complet possible de connaissances scientifiques, ceci afin de poser un regard plus éclairé sur la complexité et la singularité de chaque situation.

 

Cette articulation entre, d’un côté, une science « dure » (les neurosciences) et, d’un autre côté, une science « molle » (la pédagogie), nécessite quelques connaissances préliminaires. « Il faut conserver à l’esprit que les neurosciences sont, dans nos pratiques, au service de la pédagogie », indique Samuëlle Dilé, experte en pédagogie multimodale. « Si je devais faire une analogie, je dirais que nous disposons tous pour vivre d’un corps humain, avec ses dimensions musculaires, biomécaniques, etc. Mais chaque corps se comporte et réagit différemment. La pédagogie est là pour nous enseigner de quelle manière nous pouvons mouvoir ce corps qui, à chaque fois, sera spécifique, particulier, unique. Il en va ainsi des apprenants eux-mêmes : à partir de mécanismes avérés par les neurosciences, le pédagogue a pour mission de mettre en scène le chemin. »

 

C’est par exemple le cas du processus métacognitif. Mécanisme en 4 phases, celui-ci va de l’inconscience de son incompétence (découverte, prise de conscience) à l’inconscience de sa compétence (automatismes, autonomie), en passant par la conscience de ce qu’il a à apprendre et de ce qu’il a appris (compréhension, capacité à agir de manière tutorée). « C’est en partant de ce mécanisme avéré que le pédagogue agit : il va réfléchir aux manières de faire vivre ces étapes, en les confrontant à ce qu’il sait des apprenants et du contexte dans lequel il évolue », conclut Samuëlle Dilé. « En réalité il n’y a pas de règle : avec certains groupes vous pourrez mettre plus ou moins de temps à valider chacune des 4 phases du processus métacognitif. Surtout, le pédagogue doit éviter de se sentir contraint par un cadre théorique : c’est à lui de trouver, dans sa pratique, le bon ajustement. »

 

Tout est donc affaire de temps. Et sur ce point encore, le pédagogue est le maître des horloges…

 

(Image : Vecstock / Freepik)

 

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