19/05/2023
En tant qu’incitation douce permettant d’opérer des changements de comportements, le nudge peut constituer un levier pédagogique de premier plan pour les formateurs. Un dispositif qui fait la part belle au conditionnement et au renforcement positif. Explications…
Et si le nudge était en passe de devenir un moyen majeur pour l’apprentissage ? Telle est l’hypothèse faite dans un article récent paru sur la plateforme CP Formation. Car le nudge, qui désigne un outil conçu dans le but de modifier nos comportements en douceur, semble porteur de nombreuses promesses pédagogiques.
Mettons d’emblée le débat sur l’éthique de côté. Car si le nudge dans le champ du marketing ou de la santé peut être parfois sujet à controverse, il ne présente dans le secteur de la formation pas plus de manipulation que d’autres méthodes pédagogiques – d’autant que l’objectif est ici clairement affiché. Appliqué dans le cadre de la formation professionnelle, le nudge présente l’avantage de déployer des incitations douces, lesquelles permettent aux apprenants de modifier et d’acquérir de nouveaux comportements. Loin des méthodes traditionnelles reposant sur la sanction et la récompense, ce dispositif fait la part belle à des techniques de persuasion subtiles. Exemple parmi d’autres : la mise en valeur de comportements éco-responsables lors d’une formation permet d’encourager chacun à faire aussi bien que son voisin.
Une approche inductive
« L’originalité du nudge vient du fait qu’il favorise l’approche inductive », indique Samuëlle Dilé. « Par le biais du jeu, cette approche vient stimuler chez l’individu son besoin naturel de nourrir le circuit de la récompense, notamment avec le sentiment d’autosatisfaction d’avoir réussi quelque chose. Le nudge joue en fait sur le ressort des petits challenges personnels que chacun peut se lancer – pour arrêter de fumer, pour faire un régime, etc. Il titille notre désir de reconnaissance, le fait d’être fier de nous. Dans le langage pédagogique, cela s’appelle le conditionnement opérant positif. L’air de rien, cette approche douce peut parvenir à nous faire évoluer dans nos comportements, nos manières de faire. Elle active notre circuit de la récompense, de manière pavlovienne. »
Dans quelles situations le nudge se révèle-t-il pertinent à utiliser ? Et comporte-t-il certaines limites ? « Le nudge s’inscrit dans un mécanisme ludique qui mobilise la sensorialité, le réflexe de comportement… Il ne peut être mobilisé sur des choses qui nécessitent de l’analyse, ni sur des grains pédagogiques reliés à la résolution de problèmes complexes », poursuit Samuëlle Dilé. « En revanche, le nudge est très aisé à mettre en place sur des changements de comportements et des savoir-faire précis, par exemple pour acquérir des gestes liés à la problématique de l’éco-responsabilité. Prendre une douche avec un sablier de 3 minutes devant soi est un défi intéressant à relever pour nombre d’entre nous, notamment pour les enfants ou des adolescents ! C’est un apprentissage en douceur, dénué de culpabilité et qui rend l’apprenant acteur de son changement.»
À méditer ! Par exemple dans le cadre des apprentissages destinés à l’acquisition du bon comportement en situation professionnelle (sécurité, soin à la personne, gestes réflexe qualité ou techniques).