« Plateformisation » de la formation : où en est-on ?


08/06/2023
Chapô

Il y a 5 ans, les experts évoquaient une « plateformisation » de la formation, c’est-à-dire une forme nouvelle d’organisation et de production de contenus éducatifs. Où en est-on aujourd’hui ?

Icône plateforme (dessin)
Paragraphes

Et si les plateformes étaient l’avenir de la formation ? Dans un article publié en 2018, Vincent Bullich, enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication, évoquait une « forme nouvelle d’organisation de la production et de la valorisation des contenus éducatifs : la plateforme ». Cette « plateformisation » de la formation apparaissait alors comme un mouvement doté de traits distinctifs, en lien avec l’essor des MOOC. Où en est-on, cinq années après ?

« Pendant longtemps, on a estimé que les plateformes allaient être au cœur de la formation à distance », explique Samuëlle Dilé, experte en pédagogie multimodale. « Ces plateformes permettaient de mettre en avant des contenus : d’un côté, le CMS (Content Management System) ; d’un autre, le suivi des apprenants, avec notamment du reporting. De ce fait, les plateformes étaient conçues comme une immense médiathèque, laquelle comprenait des ressources. »

Une tendance nouvelle à gérer la progression pédagogique

Mais voilà : le contenu ne désigne pas uniquement de la ressource. En 2023, les plateformes constituent des outils dédiés à la multimodalité. Elles sont plus intégratrices, et dépassent l’autoformation ou la ressource que constitue un MOOC. « Les plateformes ont de plus en plus tendance à gérer une progression pédagogique, c’est-à-dire un parcours », explique Samuëlle Dilé. « Elles gèrent le service pédagogique : elles se sont développées dans le social learning par exemple, ou encore sur la multimodalité – pour intégrer le présentiel et les classes virtuelles. » Résultat : depuis le début des années 2020, le point d’équilibre d’une plateforme pédagogique a évolué : loin d’être un lieu de ressources, celle-ci embrasse largement le processus pédagogique et le parcours de formation. « Il manquait cette dimension de suivi, et les acteurs de la formation n’y trouvaient pas leur compte. » Sans compter que les plateformes ont vu apparaître des outils nouveaux, tels que les badges de certification. Elles sont également devenues, pour les formateurs, un outil de conception. Ainsi, le formateur s’est mué en « client » de la plateforme, au même titre que l’apprenant.

« À l’avenir, je vois évoluer les plateformes vers des activités collectives immersives, c’est-à-dire des espaces où les gens pourront se retrouver », conclut Samuëlle Dilé. « Locaux virtuels, espaces de collaboration, learning lab, co-création… » 

Les plateformes ont encore un bel avenir devant elles…

Pour poster un commentaire, veuillez vous identifier.

Connexion