Métavers : où en est-on ?


01/12/2023
Chapô

Lors de la rentrée 2022-2023, de plus en plus d’écoles et d’organismes de formation avaient manifesté un fort intérêt pour le métavers. Celui-ci a-t-il perduré ? Un an après avoir consacré un dossier au sujet, nous avons réinterrogé l'un des acteurs.

Image de métavers
Paragraphes

Il y a un peu plus d’un an, nous consacrions un dossier au métavers en formation. En cette rentrée 2022-2023, nous constations que de plus en plus d’écoles d’enseignement supérieur et de centres de formation manifestaient un intérêt soutenu pour le recours aux univers virtuels en formation, à l’image de l’EM Normandie. Où en est-on aujourd’hui, au moment où l’écosystème de la formation se questionne en profondeur sur l’Intelligence Artificielle générative ? 

 

« Il y a indiscutablement eu un ‘effet waou’ lors de la montée en puissance du métavers », avance Stéphane Leforestier, président de l’école 404. « Dès qu’une nouvelle technologie émerge, on en parle énormément et beaucoup de gens promettent beaucoup de choses. Cela peut créer des déceptions et on passe à autre chose… En réalité, ces technologies continuent de s’installer et le marché s’y intéresse de nouveau une fois que l’on a laissé le temps aux innovateurs de tenir leurs promesses… Cela fait des vagues, en quelque sorte. » 

 

OF : des tâches administratives devenues colossales

 

Des vagues qui n’empêchent pas la priorisation de certains investissements par rapport à d’autres. Les écoles comme les organismes de formation (OF) ont-ils toujours les moyens d’assurer un déploiement sur plusieurs technologies, en l’occurrence à la fois sur le métavers et sur l’IA ? « Si l’on doit parler d’investissement, il me semble clair que les OF en place n’ont pas les moyens d’investir massivement dans plusieurs innovations en même temps », poursuit Stéphane Leforestier. « Les organismes de formation font le plus souvent face à des urgences un peu différentes : absorber une charge administrative qui devient colossale (notamment depuis Qualiopi) et déployer des stratégies en termes de data. Ce sont ces dernières qui permettront d’intégrer ensuite les innovations digitales, sinon chaque innovation qui arrive devient une nouvelle contrainte dans la vie quotidienne de l’OF. » 

Evolution technologique oblige, les écoles comme les organismes de formation gèrent au quotidien plusieurs dizaines de systèmes d’information (entre 15 et 30 au sein de l’école 404 par exemple), lesquels ne sont pas reliés entre eux… « Actuellement, je travaille sur une solution qui vise à améliorer cela, non seulement en créant des ponts de data mais aussi en permettant de programmer des automatisations en ‘no code’, c’est-à-dire sans avoir recours au codage », explique Stéphane Leforestier.

 

« Les professionnels ont encore du mal à s’emparer du métavers »

 

Métavers, IA, IA générative, maniement du Big Data et articulation des données entre elles… Les enjeux sont ainsi multiples pour les organismes de formation, et se situent à plusieurs niveaux. L’évolution exponentielle des innovations semblent actuellement les mettre en demeure d’augmenter le plus rapidement possible leurs aptitudes digitales. Il s’agit encore de prendre la mesure des apports pédagogiques des réalités virtuelles et augmentées, voire d’articuler IA générative et métavers…

 

« Les professionnels ont beaucoup de choses à penser, et ils ont du mal à s’emparer du métavers comme de l’intelligence artificielle : c’est bien normal car d’une part les technologies évoluent très vite, et d’autre part les intégrer dans les parcours nécessite des investissements lourds en matériel, compétences spécifiques externes ! », explique de son côté Samuëlle Dilé, experte en pédagogie multimodale. « Par ailleurs, le métavers par exemple est une option très intéressante mais qui pose des questions profondes et éthiques sur le choix de l’avatar, l’inclusion, etc. Qu’ils soient technologiques ou réflexifs, les enjeux sont énormes, mais pour quels bénéfices ? Personnellement j’ai le sentiment que la profession peine à se faire une idée de l’équilibre entre les bénéfices et les contraintes… Nous n’entendons par exemple pas parler de projet de métavers qui serait abouti, ce qui nous indique que nous serions encore en chemin. » 

 

Des atermoiements qui renvoient également à la nature profonde du mix-learning, et à l’équilibre fragile entre un distanciel performatif et un présentiel où l’intelligence collective pourrait se déployer. Dans quelle mesure le métavers – mais aussi l’IA générative – peuvent-ils venir soutenir intelligemment les organismes de formation ? La question de fond demeure… et force est de constater que seul le temps permettra d’y répondre progressivement.

 

 

(Image par Freepik)

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