Technologies immersives : quelles compétences pour les formateurs ?


11/10/2023
Chapô

De plus en plus présentes dans l’environnement de la formation, les technologies immersives entraînent les apprenants vers des territoires nouveaux, notamment sur le plan sensoriel. Dans quelle mesure les formateurs doivent-ils adapter leur pédagogie ?

Image technologie immersive
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À la fois innovantes et émergentes, les technologies dites « immersives » ont pour particularité de travailler la porosité des frontières entre le réel et le virtuel. Ces technologies prennent la forme de trois voies : réalité augmentée (superposition d’éléments virtuels dans un environnement réel), réalité virtuelle (technologie générant un environnement virtuel interactif) et réalité mixte (qui fait apparaître des éléments virtuels dans l’environnement de l’utilisateur tout en valorisant les interactions entre les deux).

L’un des apports de ces technologies est directement lié aux émotions et aux sensations provoquées par les technologies immersives. Que ce soit dans le champ du marketing, du jeu, de la santé, de l'éducation ou de la formation, l’immersion peut inscrire le sujet dans une dimension hédonique, comme le montrent plusieurs études scientifiques. Cette dimension est particulièrement forte en réalité virtuelle. Elle est d’ailleurs perçue comme la plus importante pour les apprenants, devant la notion d’apprentissage ou d’ergonomie. Dans quelle mesure cet élément nécessite-t-il, pour le formateur, une approche spécifique ? En d’autres termes, faut-il que les formateurs développent des compétences particulières dès lors qu’ils ont recours à la dimension immersive ?

Un travail du formateur pour accompagner les émotions

« À première vue, je dirai que le recours à des technologies immersives fait appel aux qualités requises pour tout apprentissage en simulation », analyse Samuëlle Dilé, experte en pédagogie multimodale. « Cela implique tout particulièrement un travail de préparation et des questionnements préalables. À quel moment faire intervenir l’immersion dans le processus d’apprentissage ? Voilà la question principale à se poser en termes d’objectifs pédagogiques. Pour l’immersion en réalité virtuelle, il convient également de mener un travail de sécurisation auprès des apprenants en étant structuré et en temporisant l’expérience : prendre le temps d’expliquer l’enjeu, décrire ce qui va se passer, sécuriser l’espace et l’environnement, donner des consignes, appréhender des objets… Compte tenu du fait que la réalité virtuelle agit sur l’individu dans l’ensemble de ses dimensions sensorielles,  il est impératif de savoir à l’avance où l’on met les pieds. Ceci implique au passage que le formateur ait lui-même effectué de nombreuses fois l’expérience immersive ! » 


Autre compétence à mobiliser : l’art du débrieffing. C’est une qualité et une compétence majeures pour toute situation d’accompagnement d’un apprenant. Mais la particularité de l’environnement virtuel c’est que le feed-back de l’apprenant doit porter en premier lieu sur son ressenti. “Naturellement, les personnes qui ont vécu l’immersion expriment des choses qui vont au-delà du fond”, conclut Samuëlle Dilé. “Parfois, certains apprenants ont du mal à revenir à la réalité immédiatement après l’immersion : c’est le travail du formateur que de les aider dans cette remontée, en ouvrant une sorte de sas de transition. Les ramener dans l’ici et maintenant, dans leur environnement, fait aussi partie du rôle du formateur ! » Une véritable responsabilité donc, qui là encore s’inscrit dans une dimension éminemment émotionnelle et sensorielle.

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